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Lors de mon dernier séjour dans le village de L, jétais confronté aux histoires véhiculant les désirs de certains des habitants. À la suite de plusieurs entretiens avec eux, je me suis aperçu que chacun deux désirait être et vivre autrement. À ce moment-là, je ne pouvais que collecter et observer ces mouvements désirants. Jai aussi analysé la situation en regard de létroit territoire dans lequel ils vivent. Puis ayant compris que le territoire quils habitent nest aucunement le même que celui quils simaginent vivre. Léconomie des habitants étant apportée par dautres, village dont les habitants sont transformés en figurants qui singent un micro habitat local pour séduire dans certains cas une image touristique
Ces situations appréhendées dans dautres lieux mont semblé dans ce contexte atteindre leur paroxysme. Ali mavait commandé cette pièce dune carte des histoires et des désirs relationnels entre certains habitants de L, collectant les histoires et la mémoire de lîle. Il avait vu nos précédents projets et devinait que quelques territoires pertinents pouvaient se dessiner dans ce futur projet. Par la suite, travaillant dans dautres lieux, jai pu mettre en place des histoires similaires . Je me suis rendu compte que celles des habitants de L. nécessitait dêtre mise en scène de manière cosmogonique. Cest-à-dire de donner forme véritablement à leurs désirs, et de dessiner ce que personne nentreprend là bas : orchestrer les vecteurs de désirs entre eux, et de fonder une sorte desthétisme relationnel de leurs désirs. La situation de lîle étant dautant plus paradoxale que nombreux habitants de passage vont là-bas pour rêver lîle. Artistes, cinéastes, photographes, architectes, banquiers qui viennent pour revivre une situation utopique disolement et de territoire rêvé. Cette situation creuse lécart entre ces doux rêveurs déplacés et ces habitants qui eux, fixes, ne peuvent correspondre ni à leur image réelle ni à elles quon projette sur eux. |